De l'Altaï à l'Oural

En quittant la Mongolie le matin du 15 septembre, nous avons dû, peu avant la frontière, nous acquitter d'une taxe de transport (10'000 tugriks ≈ 5 CHF, pas la ruine!). Au poste mongol, il y avait peu de monde. L'inspection de Lucy se résuma à ouvrir la porte latérale et à nous demander si le chien était suisse. Nous de répondre que non et le douanier de refermer la porte. Puis, bien que nous nous soyons fait dépasser par quelques Mongols incapables comme à l'accoutumée d'attendre, nos passeports furent vite tamponnés. Ensuite, une zone franche de quelque 20 km sépare la Mongolie de la Russie. Au portail du poste russe, après une désinfection des roues pour 100 roubles, nous avons bénéficié d'individus kazakhs qui se battaient et que les douaniers gardaient à l'extérieur pour pouvoir rapidement entrer. 1ère étape: passage à la cahute d'immigration pour contrôler les visas et tamponner les passeports. 2ème étape: cahute pour le véhicule. Pendant la longue attente, les douaniers en charge de l'inspection sont venus nous chercher. Dès qu'ils eurent vu le chien dans le bus, ils demandèrent son passeport. En leur répondant que nous n'en avions pas, ils nous envoyèrent vers l'officier en charge des affaires vétérinaires. Nous lui avons expliqué que nous n'en avions pas puisque que le chien, âgé de moins de trois mois, était trop jeune pour être vacciné. Après 1, 2 coups de fil, il donna son aval pour qu'il entrât en Russie et nous dit de faire les vaccinations en Russie dès qu'il aurait l'âge. Quels soulagement et joie, nous pouvons entrer en Russie les trois. Au final, après avoir encore terminé les formalités pour le véhicule et passé le dernier point de contrôle, tout juste 3h se sont écoulées pour franchir cette frontière. Rapide comparé aux 6h de l'aller (cf récit Premiers tours de roue en Mongolie). Vive Kawaï qui nous raccourcit grandement l'inspection du véhicule!


Passager clandestin officiellement accepté

A cette frontière, nous avons rencontré Joseph, un Français de 75 ans, voyageant seul, ne parlant que français et ayant eu un accident. Son véhicule était bien abîmé et le moteur touché.


Joseph, un compagnon de route pour les prochains jours

Nous avons roulé en convoi avec lui plus de deux jours durant, l'aidant pour redémarrer et mettre tous les 10 km (!) de l'eau dans son radiateur qui pissait.


Kawaï aidant au remorquage

Tout ceci en traversant les superbes paysages de l'Altaï russe. A Kosh-Agach, la première ville après la frontière, nous n'avons pu changer nos tugriks qu'au bazar, les banques ne les reprenant pas. La ville, par contre, était trop peu importante pour trouver un garage adapté pour les lourdes réparations du véhicule de Joseph.


Altaï russe

Arrivés à la grande ville de Gorno-Altaïsk, nous l'avons aidé, notamment pour sa prolongation de visa puisqu'il n'avait qu'un visa de transit de 10 jours (!). Nous avons trouvé un garage devant lequel nous avons pu dormir plusieurs jours pendant que les démarches étaient en cours et dont le propriétaire et sa fille nous ont beaucoup aidés.


Merci beaucoup à Oleg et Eugenia

Ils nous ont accompagnés chez le vétérinaire pour commencer le processus afin de ramener Kawaï en Suisse (passeport, puce, vaccins). Nous y avons appris que les Russes exigeaient d'abord un 1er vaccin et une attente de 21 jours avant de pouvoir faire celui contre la rage et les 21 autres jours d'attente exigés par l'Union Européenne afin de fouler le territoire. Nous voici donc encore pour 42 jours en Russie au lieu des 21 jours minimum que nous savions que nous devions attendre. Nous comprenons dès lors qu'il va faire froid sur le retour. D'ailleurs en quittant Gorno-Altaïsk, il neigeait à gros flocons. Cela n'a pas duré ce jour-là, mais ce n'était qu'un début.


Premières neiges russes (pas les dernières!)

Nous en sommes partis le coeur lourd mais en sachant que nous avions fait notre maximum pour Joseph. Son visa ayant pu être prolongé et la réparation de son véhicule imminente. Malheureusement, nous ne pouvions pas encore rester des semaines au même endroit. Nous sommes restés en contact à distance. Nous avons pris la direction de Novosibirsk et en même temps laissé derrière nous les reliefs. Le terrain est redevenu très plat.


Changement de géographie

Plusieurs jours furent très venteux. Ce n'était pas très agréable avec l'air s'infiltrant dans le bus de toutes parts mais les feuilles soufflées devinrent un jeu très intéressant pour Kawaï.


Course aux feuilles

Lors d'un détour au bord de l'Ob, des argousiers, petits arbustes aux baies oranges un peu acidulées, étaient présents en nombre.


Argousiers ou ananas de Sibérie

La pêche, elle, dans cette rivière, n'a rien donné. Benj, cependant, ne s'était pas longtemps acharné; il faisait froid et soufflait fort.


Le long de l'Ob

Dans les environs de Novosibirsk, nous avons pu enfin mettre la main sur des pneus après la Mongolie où les dimensions ad hoc étaient introuvables. Ceux achetés en Nouvelle-Zélande étaient vraiment en bout de course. Nous avons ainsi attaqué le 3ème train de pneus depuis le départ en janvier 2013! Nous en avons bouffé de la gomme!


Passage au chinomontaj (ШИНОМОНТАЖ)

Après Novosibirsk et jusqu'à Omsk, nous avons opté pour un itinéraire alternatif. Nous avons sauté sur l'occasion car la route principale est monotone et dangereuse. Les Russes prennent la route pour un circuit et les possibilités de la quitter, mis à part dans les talus, sont rares. Nous avons été surpris que cette route, bien qu'elle fût secondaire, n'était pas goudronnée et dans un état laissant passablement à desirer. Nous nous serions presque crus de retour en Mongolie. Au moins, il y avait très peu de circulation et pas de fanjo.


Route secondaire russe

Les arbres, en cette période, se sont parés de très belles couleurs.


L'automne a pris ses quartiers

Au centre d'Omsk trône une cathédrale orthodoxe aux dômes colorés.


Cathédrale de la Dormition

Comme en Russie il existe des magasins pour animaux, nous avons pu étoffer la gamme de jouets pour Kawaï en plus des cordes et d'une balle dénichées en Mongolie.


Son nouveau mulot lui plaît beaucoup

Par contre, ce qu'il lui plut nettement moins ce furent les croquettes que nous lui avions également trouvées. Trop habituée aux bons petits plat de viande maison dont elle raffole. Côté météo, le froid commença à s'installer. Les matins, les premières gelées firent leur apparition.


Premiers cristaux de givre (et ce n'est qu'un début!)

Peu après Omsk, un long épisode pluvieux de presque 3 semaines débuta. Ce ne sont pas des conditions faciles lors d'un voyage qui rime avec vie au grand air, peu de place et de confort. Autant dire qu'à force ça plombe le moral d'être constamment mouillé et de goger dans la boue, sans compter tous les petits chemins que nous empruntions d'habitude pour bivouaquer qui devinrent impraticables.


De la boue, encore de la boue, toujours de la boue

Lors d'une accalmie de quelques heures dans les environs de Kurgan, nous avons profité pour balader au sec et avons trouvé une grande quantité de chanterelles. Rien de mieux pour le moral qu'un bon souper en perspective. Kawaï, incrédule, nous regarda préparer ces espèces de drôles de trucs orange ramassés dans les bois.


La récolte du jour

A Kurgan, nous avons fait une vidange et Benj a remplacé les deux amortisseurs avant parce qu'un d'eux avait lâché. Nous étions alors contents d'avoir avec nous ceux d'origine, un peu usés certes mais en bon état; à Kurgan, il n'était pas possible d'obtenir de nouveaux amortisseurs sans un long délai d'attente. A Chelyabinsk, les 21 jours d'attente nécessaires pour la visite vétérinaire suivante s'étant écoulés, nous avons pu faire la suite des vaccins avant les ultimes autres 21 jours avant de pouvoir fouler le sol européen. Kawaï a ainsi été pesée, elle faisait déjà 10 kilos. Notre petit monstre pousse, en effet, à vue d'oeil.


Et elle n'a pas fini de grandir!

Derrière cette grande ville les montagnes de l'Oural nous attendaient. En fait, il s'agit davantage de collines que de montagnes, le plus haut sommet (Mt Narodnaya) ne dépassant pas 1900 mètres. Quant à la zone traversée, elle n'excédait pas les 1000 mètres. Cependant, malgré la faible altitude, la pluie se transforma en neige. Cela fit un peu de changement même s'il fut accompagné d'une baisse de température. Nous ne le savions pas encore mais ce n'était qu'un début.


Premières neiges dans l'Oural

Le lendemain, un miracle se produisit. Devant un café au sommet d'un col, nous avons trouvé un ... wifi rapide. Nous avons sauté sur l'occasion et profité, quoique frigorifiés, pour faire une mise à jour souhaitée depuis un bout de temps.



Suite au prochain épisode! Lausanne, Suisse, le 24.12.2014