La malédiction du Ro-ro

Mercredi 2 février, nous trépignons d'impatience, enfin le moment est venu d'aller chercher Lucy au port de Montevideo. Contrairement au voyage de 2013-2014, lors duquel elle avait été envoyée à Buenos Aires en container, nous avons dû choisir l'option Ro-ro. Il s'agit d'un navire roulier (Roll-on; Roll-off), à l'image d'un grand ferry et transportant des véhicules à travers le monde, principalement neufs pour les constructeurs de voitures. Les délais pour envoyer un container étaient très longs, environ 3 mois. Il eût fallu l'expédier avant que les frontières sud-américaines aient rouvertes!

Fin de matinée, rendez-vous chez le transitaire. Un employé nous accompagne au port. Il y a aussi Claire, une voyageuse française, qui doit récupérer le véhicule familial (son mari et leur deux jeunes enfants sont restés à leur logement). Tout à notre joie de revoir notre maison roulante, nous mettons un petit moment à réaliser ce qu'il s'est passé.


Le début des problèmes...

En plus, aucun signe d'effraction de l'extérieur hormis deux scellés autocollants du coffre déchirés. Nous pensons encore, comme le samedi en ayant vu de loin les matelas retournés, que c'était l'oeuvre des douanes. Mais, en s'approchant et en regardant par les fenêtres, nous découvrons le carnage. Tout est sens dessus-dessous. En ouvrant le véhicule, les bras nous en tombent. Tout a été piétiné, retourné, ouvert jusqu'à la moindre petite boîte.


Une partie du souk qui a été mis dans le bus

Impossible de voir d'abord ce qu'il manque, il faut commencer par sortir les affaires. Table et meuble cassés, système pour tirer le frigo idem, tiroir itou, literie déchirée, des habits à Séverine et des linges brûlés (!), des couteaux volés, les jumelles, de l'outillage et quasi tous les habits de Benjamin de même, etc. La liste est longue. Malgré tout, nous continuons de croiser les doigts pour que, le plus important pour Benjamin, le matériel de pêche soit encore là mais malheureusement la quasi totalité a été dérobée; tous les moulinets, les centaines de mouches, les soies, les fils, le matériel de montage, une canne, les chaussures de wading, .... Seules subsistent les cannes qui se trouvaient sous la banquette et deux maheureuses boîtes de mouches!


Ce meuble était rempli par les affaires de pêche de Benjamin...

Nous voyons Claire qui revient vers nous, après être allée à son véhicule qui était parqué ailleurs. Elle est très mal, il a été encore plus saccagé que le nôtre. Les voleurs, contrairement à nous, n'ont pas utilisé les clefs, alors ils ont cassé les vitres pour y pénétrer et à l'intérieur tout est détruit. La pauvre, en plus, est seule. Nous essayons de la soutenir et de lui remonter un peu le moral mais avec peine.

Nous avons mis des heures à ressortir les affaires restantes et les remettre dans le mini-bus pour au moins pouvoir y mettre nos sacs pris par avion et que les bêtes à poils aient un peu de place. Kawaï n'est pas un chihuahua et Blacky et Cacahuète devaient pouvoir aussi être bien installés.


Déballage et remballage au port

Nous avons pu ensuite quitter Montevideo, dépités. Nous avons dormi pas très loin de la ville, exténués et sachant que des jours seraient nécessaires pour tout reranger. Et malheureusement encore constater des choses manquantes et des dégâts comme notre convertisseur d'électricité, ce qui nous mettra une sacrée épine dans le pied. Plus moyen, par exemple, de recharger les ordinateurs dont nous aurons bien besoin les semaines suivantes pour toute la paperasse administrative qu'une telle mésaventure engendre, pour chercher où nous pouvons retrouver du matériel qui manque et pas pratique non plus quand le voyage se passera en grande partie en zone isolée. Nous avons dû redoubler d'idées et réussi à certaines stations-services d'Uruguay à les recharger un peu par-ci, par-là.

Nous devons tout lister ce qui a été volé et cassé pour l'assurance et retrouver tous les liens d'où provenaient nos affaires. Un travail de fourmi et sans savoir, à l'heure où nous écrivons ces lignes, ce qui va être remboursé. Heureusement, nous avons des photos de tout ce qui se trouvait dans le bus. Ce qui devrait nous permettre d'étayer le dossier et espèrer qu'ils ne pinaillent pas plus que ce que c'est déjà le cas!



Suite au prochain épisode! Aluminé, Argentine, le 11.03.2022