Entre yungas et puna

A fin mai, nous avons mis le cap vers l'est, dans l'idée de rejoindre l'Uruguay via Iguazu et les Esteros del Ibera. Les paysages, dès la province de Santiago del Estero, ont radicalement changé. C'était plat et passablement agricole. Les températures ont, elles, à mesure grimpé de même que l'humidité. La recherche de bivouacs s'est avérée extrêmement plus compliquée que du côté andin. Beaucoup de clôtures et d'habitations. En outre, il avait peu plu dans ces zones depuis un moment et, le terrain étant constitué d'une terre ultra fine, les pistes étaient recouvertes d'une épaisse couche de poussière, ce qui les a rendues difficilement praticables, voire même à certains endroits impraticables.


Une vingtaine de centimètres de poussière!

Et, avec le climat de plus en plus chaud et humide à mesure de progresser à l'est, les insectes et autres indésirables étaient de plus en plus nombreux. Moustiques, brûlots, mouches noires, scorpions et des mygales de taille respectable. Heureusement aussi une belle diversité d'oiseaux et quelques beaux couchers de soleil.


Un horizon plat à perte de vue

Néanmoins, tous ces facteurs réunis pour nous quatre nous ont décidé à refaire route vers l'ouest. Quel plaisir ce fut dans la province de Salta vers le parc national El Rey de retrouver du relief et de ne plus subir les assauts des nuisibles volants.


Environs du parc national El Rey

Nous souhaitions visiter ce parc mais il était fermé. Malgré ceci, nous avons passé quelques jours très agréables dans les environs. Puis, direction la grande ville de Salta, environ 500'000 âmes, pour diverses corvées; essayer de réparer notre réchaud qui s'est mis à fuir quelques jours auparavant, de trouver quelques pièces de rechange pour le van. Tenter aussi de dénicher une nouvelle galerie de toit ou, du moins, de nouvelles pattes. Cela fait quelque temps que nous lui faisons des réparations de fortune. Cette dernière quête a été infructueuse. Contraints de continuer les bricolages de secours pour un moment encore. Le réchaud, lui, fuit toujours mais un peu moins! Quant aux pièces de rechange, nous en avons trouvé que quelques-unes à grand peine. Mais, heureusement, celles manquant à l'appel ne sont pas des pièces vitales pour pouvoir rouler. Autant pour les pièces de rechange que pour la galerie, on nous a indiqués à maintes reprises que ce serait plus facile en Bolivie où il y a plus de vans Mitsubishi L300.


Galerie mal en point

Débarassés de ces jours de corvée dans cette ville grouillante, nous avons pu retourner nous mettre au vert, dans le beau parc national de Calilegua. Et découvrir les yungas, un écosystème de forêts subtropicales d'altitude. C'est luxuriant jusqu'à 3000 mètres! Quelle belle découverte; immense diversité végétale, avec des espèces qui changent en fonction des paliers d'altitude, classés en trois zones. Forêts de pré-montagne, de montagne, et au niveau supérieur la forêt de nuages. Beaucoup d'oiseaux présents et des mammmifères mais difficilement observables (jaguars, tapirs, singes, huemuls andins, agutis, etc).




A proximité du parc national Calilegua

Puis, nous sommes allés nous détendre aux thermes de Caimancito. Endroit joliment arboré avec, hormis le bassin principal, un petit bassin un peu à l'écart où virevoltaient des papillons, et des mouches noires!


Aux termas de Caimancito


Papayers

Cap ensuite vers San Ramon de la Nueva Oran, un peu plus au nord. Nous avons parcouru les environs pendant plus d'une semaine. Nous avons beaucoup tourné pour trouver des accès au rio Bermejo, jusqu'à nous perdre dans les bananeraies!


Une bananeraie parmi tant d'autres

Aux endroits où nous avons trouvé des accès, nous n'avons guère vu signe de vie dans cette rivière. Peut-être en raison de la saison "fraîche" pour la région, bien que située au-dessus du tropique du Capricorne. Il ne faisait qu'environ 25°C contre environ 40°C à la saison chaude. Peut-être en raison aussi de la pollution. Enormément de cultures dans les parages (bananes, mangues, légumes, ...) et des villes en amont que la rivière traverse. Benjamin a pêché dans ce rio mais sans succès du coup.


Rio Bermejo

Nous avons aussi beaucoup tourné pour trouver des accès à un autre rio de la région, le rio Pescado. Mais sans y être parvenus. Cependant, ces pérégrinations ont été ponctuées de belles rencontres animalières. Nous avons vu des toucans presque chaque jour. Superbe oiseau que nous ne nous sommes pas lassés d'admirer. Dans cette province de Jujuy et également dans les précédentes de Santiago del Estero et du Chaco, l'approvisionnement en diesel n'a pas été simple. Fréquemment, il n'y en avait pas aux stations-services et quand ces dernières en reçoivent les files de véhicules et de camions s'allongent. Nos bidons de réserve, que nous veillons à ce qu'ils soient toujours remplis, nous ont bien été utiles! Au chapitre véhicule, précisons aussi que Lucy a passé le cap des 200'000 km!


Toucan toco, amateur d'oranges


Toucans toco dans des avocatiers

Puis, ils s'envolèrent...

Et, sur une petite route bordée d'orangers, serpentant dans les yungas, nous avons eu la chance d'observer pendant un bon moment le bal de sapajous dans ces agrumiers.


Sapajous cay

Ensuite, ayant écumé toutes les pistes et petits chemins pour ces accès et souhaitant aller dans l'altiplano bolivien, nous sommes retournés au parc national Calilegua d'où part une route qui mène via un itinéraire aux altitudes élevées à l'altiplano argentin en direction de la Bolivie. Cela nous a permis de traverser une grande zone de yungas isolées et, sur cette petite route au milieu de nulle part, de tomber nez à nez avec nos compatriotes Nicole et Peter rencontrés un mois plus tôt à Fiambala. Un bon moment d'échanges d'ensuivit.


Yungas


Les routes isolées plaisent aux voyageurs.

Ce trajet nous menant à Humahuaca s'est révélé magnifique mais éprouvant pour Lucy. La pauvre a surchauffé à de multiples reprises. Si bien qu'elle ne tournait plus très rond en fin de parcours. Faut dire que cette route grimpe dans les montagnes jusqu'à 4600 mètres! Avec de nombreux cols abrupts à franchir.


Lieu de camp vers Valle Colorado


A l'assaut des hauteurs!

A mesure de la montée, au-delà de 3000 mètres, les luxuriantes yungas ont cédé leur place à la puna aride et désolée. Puis, vers 4000 mètres et au-delà, l'environnement est minéral. Et, en descendant en direction de Humahuaca, les sierras sont devenues colorées.


On ne dirait pas, mais on est vers 4500 mètres!


Vallée de Cianzo

Montée à 4600 mètres, route Calilegua - Humahuaca

Nous sommes restés quelques jours dans les environs de Humahuaca (3000 mètres) pour nous acclimater à l'altitude. Puis, nous nous sommes dirigés au nord en direction de la Bolivie. Et, après la nuit la plus froide depuis le début de ce voyage (à ce moment-là, nous en passerons d'autres!), nous avons rejoint La Quiaca (3500 mètres) pour traverser la frontière. Cependant, le soir, cela n'a pas empêché Blacky de réussir à attraper un mulot.


Nos petits chasseurs aguerris


Coucher de soleil sur l'altiplano argentin

Au matin de cette nuit-là, les lagunes aux alentours étaient recouvertes d'une épaisse couche de glace et nous avons dû attendre la mi-journée pour que le moteur démarre! Le diesel ayant probablement congelé (température de congélation théorique -18°C!). Se rendre en Bolivie, c'était aussi dans l'idée de trouver les pièces de rechange introuvables en Argentine et une galerie de toit. Maintenant, avec les derniers problèmes de surchauffe, il faudra aussi aller dans un garage.


Flamands roses près du lieu de camp



Suite au prochain épisode! Antofagasta, Chili, le 25.07.2022